Comment la technologie connecte les paiements du gaming à l’échelle mondiale

Les jeux en ligne, qu’il s’agisse de Fortnite, de World of Warcraft ou de plateformes de casino, partagent un défi commun : permettre à des joueurs du monde entier de payer et d’être payés, peu importe leur pays, leur devise ou leur méthode de paiement préférée. Cette problématique technique, longtemps un frein au développement du secteur, trouve aujourd’hui des solutions de plus en plus sophistiquées.

Des casinos physiques aux plateformes en ligne : l’évolution des paiements

Dans un casino traditionnel “de briques et de mortier”, les joueurs se déplacent pour jouer. L’argent y circule sous forme de jetons en plastique, qu’on échange à la caisse contre espèces. C’est simple, immédiat, tout est concentré au même endroit. Tout le contraire d’un casino en ligne, qui est une plateforme web accessible depuis n’importe quel ordinateur ou smartphone. Plus besoin de se déplacer : on joue depuis son canapé, à toute heure.

La technologie bancaire est au cœur de leur fonctionnement : c’est elle qui permet aux joueurs du monde entier de jouer auprès de ces acteurs régulés le plus souvent en Europe (Malte, UK, Pays-Bas). Dans un casino physique, vous donnez 100 euros en liquide, on vous remet des jetons, point. Mais sur une plateforme en ligne, ces 100 euros doivent passer par le système bancaire : carte de crédit, virement, portefeuille électronique. Chaque zone géographiques a ses préférences : par exemple, les Allemands utilisent massivement Sofort, les Néerlandais iDEAL, les Brésiliens le boleto bancário, etc.

Pour tenir leur promesse d’être véritablement un casino en ligne retrait immédiat, bon nombre d’acteurs du secteur ont intégré la technologie des cryptomonnaies parmi leurs moyens de dépôt et de retrait d’argent. Le Bitcoin, l’Ether et le Dollar de Tether sont en effet des monnaies numériques sans banque centrale, avec des transactions quasi-instantanées. Quand un joueur gagne, il veut son argent rapidement. 

Signalons toutefois que contrairement au casino physique où l’on échange ses jetons contre des billets en quelques secondes, le casino en ligne doit prendre quelques minutes à quelques heures pour mener une vérification d’identité, avant de libérer effectivement les gains. C’est la réglementation qui l’exige. Mais une fois ce processus complété, le transfert est automatiquement réalisé en cryptos, par virement ou via un e-wallet.

Les nouvelles technologies de paiement dans le gaming

Les progrès du côté des casinos en ligne ont donné des idées aux acteurs du gaming. en effet, le gaming fait face à une problématique plus spécifique : les micro-paiements. 0,99 euro par-ci, 2,50 euro par là. Une telle fragmentation coûterait trop cher en frais de règlement bancaire et surtout en vérification administrative à chaque fois ! 

Les devises virtuelles

Les monnaies virtuelles propriétaires sont une solution logique et efficace. Les V-Bucks de Fortnite, les Robux de Roblox, les Riot Points de League of Legends ou les Coins dans EA FC (l’ancien FIFA)… Désormais, chaque grand jeu a créé sa propre devise interne. Le principe est simple : au lieu de payer chaque petit achat séparément (avec les frais bancaires associés), le joueur achète un pack de monnaie virtuelle en une seule transaction.

Un joueur veut acheter 5 skins à 2,99 euros chacune dans Fortnite. S’il payait chaque skin individuellement, les frais bancaires (environ 0,30 euros fixes plus 2% par transaction) représenteraient presque 15% du montant. En achetant d’abord 20 euros de V-Bucks, il ne paie les frais qu’une fois. Epic Games y gagne aussi : moins de transactions à traiter, moins de risques de chargebacks (annulations de paiement).

Et surtout, les joueurs dépensent souvent plus quand ils ont déjà de la monnaie virtuelle sur leur compte ! Ajoutons à cela que les packs sont calibrés pour qu’il reste toujours un petit solde après un achat, incitant à racheter des crédits pour ne pas “gaspiller” ce reste…

Les processeurs de paiement spécialisés

Parallèlement aux devises virtuelles, on observe dernièrement un essor du côté des entreprises comme Xsolla, PaymentWall ou Paymentwall. Celles-ci se sont spécialisées dans les paiements gaming internationaux. Leur proposition de valeur est d’offrir aux développeurs une API unique qui gère automatiquement des centaines de méthodes de paiement locales. Un développeur indépendant qui veut vendre son jeu mondialement n’a plus besoin de négocier avec 50 banques différentes, il utilise juste Xsolla.

Pour expliquer simplement leur fonctionnement, ces processeurs ont en fait cartographié les préférences de paiement pays par pays. Ils savent qu’en Allemagne, il faut proposer Sofort et Giropay. Qu’en Chine, sans WeChat Pay et Alipay, vous n’existez pas. Qu’en Russie, Qiwi et WebMoney dominent. Le processeur détecte donc automatiquement la localisation du joueur, puis lui propose les méthodes pertinentes pour son pays.

Les wallets propriétaires

Un peu à la manière des devises virtuelles, Steam a été pionnier avec son Steam Wallet dès 2012. Le principe : créer un portefeuille interne à la plateforme où les joueurs peuvent charger de l’argent, puis l’utiliser pour tous leurs achats. PlayStation Store, Xbox Marketplace, Nintendo eShop ont tous suivi avec leurs propres systèmes. L’App Store d’Apple et le Google Play Store fonctionnent sur le même principe avec leurs comptes prépayés.

Pour les plateformes, c’est tout bénéfice. L’argent chargé sur un wallet est de l’argent déjà capté : psychologiquement, le joueur va chercher à le dépenser sur la plateforme plutôt que d’aller voir ailleurs. L’avantage pour le joueur est évident : plus besoin d’entrer ses informations bancaires à chaque achat. Une fois le wallet chargé, acheter un jeu prend littéralement trois clics. Les parents apprécient aussi : ils peuvent donner à leurs enfants des cartes cadeaux Steam ou PlayStation sans leur confier une carte bancaire.

La blockchain et les cryptomonnaies (l’avenir du gaming ?)

Le gaming explore actuellement une approche différente avec la blockchain. Pour rappel, les transactions blockchain fonctionnent 24h/24, sans intermédiaire bancaire, dans tous les pays. Au plus fort de la pandémie, on a vu des jeux comme Axie Infinity capter l’attention du grand public avec sa cryptomonnaie maison SLP (Smooth Love Potion), que l’on peut échanger contre de l’argent réel. Ainsi est né le concept de jeu “play-to-earn”.

Même chose pour Gods Unchained, dans lequel on utilise des NFTs (une forme de cryptomonnaie) pour ses cartes, permettant aux joueurs de vraiment posséder et revendre leurs collections. The Sandbox est allé plus loin en créant une économie virtuelle complète où les joueurs peuvent acheter des terrains, construire des expériences et les monétiser.